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six semaines dans un phare.

vais, monsieur Paul, vous donner quelques détails un peu froids peut-être sur notre existence, mais ils seront courts et vous en reconnaîtrez l’utilité plus tard, si toutefois vous voulez bien me prêter votre attention.

— Je suis tout oreille, dit Paul.

— Ma foi, moi aussi, dit Clinfoc, il faut bien enfin qu’on me raconte quelque chose que je ne sache pas et que tous les marins devraient savoir.

— En France, commença Chasse-Marée, notre personnel se recrute de préférence parmi les anciens volontaires de terre ou de mer. Les maîtres touchent 1,000 francs par an. Les appointements des gardiens varient entre 850 et 472 francs. Ceux qui sont au service des phares isolés reçoivent une indemnité.

Notre règlement est des plus simples : allumer les lampes à la tombée de la nuit et les éteindre au lever du soleil. Pendant le jour nettoyer et préparer l’appareil.

Quant à notre vie, elle est la même partout, plus ou moins agréable selon les stations.

Les phares qui n’ont besoin que d’un seul gardien sont confiés à des hommes mariés qui sont logés avec leur famille dans l’établissement. Le logement est placé en dehors, c’est une ou deux pièces avec cheminée entre une cour et un jardinet. Il est placé à proximité de la tourelle de telle sorte que le feu est en vue d’une des fenêtres. Dans d’autres cependant la maison est accolée à la tour de manière que si le gardien est obligé de se lever pour s’assurer de l’état de la flamme, au moins n’est-il pas forcé de sortir. Nous avons tout près de nous le phare de Pontaillac que vous connaissez et dont le gardien loge en dehors.

Dans les grands phares, comme le nôtre, où la flamme doit être surveillée pendant toute la nuit, il est nécessaire d’avoir des gardiens qui veillent à tour de rôle. Autrefois on y logeait aussi les familles des gardiens ; mais, il n’y avait pas moyen de