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six semaines dans un phare.

Je le hissai tant bien que mal, de l’autre côté du rocher que les flots enveloppaient comme une île, et l’ayant placé de manière à ce qu’il fût à l’abri de la vague, je tâchai de rejoindre les camarades qui étaient à terre. Les lames ne purent m’arrêter, et me traînant sur les pieds et les mains, m’accrochant aux pierres, j’atteignis la côte ; mais, arrivé là, je me couchai sur le sable à l’abri d’un rocher, et je m’endormis sans pouvoir me rendre compte si ce n’était pas du sommeil de la mort.

Ils arrivèrent sur les rochers de la plage.

Quand je me réveillai, je me trouvai au milieu de mes camarades et de leurs sauveurs, dont le langage m’apprit bientôt où j’étais. Cette terre appartenait à la Compagnie anglaise des Indes.

Le bonheur que j’éprouvais, la joie d’être sauvé et l’espoir de manger du riz qu’on faisait cuire à mon intention, me rendirent presque fou. Il en résulta que j’oubliai complétement cette pauvre femme que j’avais laissée sur le navire. Quand le riz