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six semaines dans un phare.

— Eh bien ! après, s’écria Clinfoc. En voilà une affaire. Ce n’est pas un naufrage ça ; c’est une tempête pour rire.

— Clinfoc est jaloux, dit le capitaine en souriant.

— Jaloux de quoi ? Je parlerais bien si je voulais.

— Je te mets au défi !

— En tous cas, dit Chasse-Marée, le capitaine nous a raconté le désastre d’un bateau par lequel il a été sauvé et que montaient nos meilleurs amis. C’est de l’actualité toute chaude. Faut pas jeter de l’eau froide dessus.

— D’autant mieux, ajouta le père La Gloire, que les naufragés sont de Royan et que demain ou après, chacun de nous pourra se renseigner auprès d’eux.

— Oh ! le capitaine a bien tout dit, répliqua Chasse-Marée.

— Ah ! il a tout dit, cria Clinfoc et vous appelez ça un naufrage ?

— Clinfoc, mon vieil ami, dit Paul, tu veux parler, je le vois, et je ne sais pourquoi ce que tu as à nous dire est, je crois, très-intéressant. Si mon oncle veut ?

— Il serait malade, s’il ne parlait pas. Moi je connais son histoire et j’avoue qu’elle est très-intéressante, si elle est vraie.

— Capitaine, dit Clinfoc, elle est vraie comme vous ; êtes un honnête homme. Écoutez, monsieur Paul. Vous, les anciens, écoutez aussi, bien que vous connaissiez l’histoire de ce naufrage.

— Nous ne la connaissons pas, firent les marins, sauf Chasse-Marée et La Gloire.

— Alors pour lors et d’une, commença Clinfoc.

À ce moment Yvonnec entra sans faire de bruit et prit sa place derrière le narrateur.

Celui-ci se retourna comme si le fluide électrique l’eût touché. Quelque chose l’avertissait que son ennemi était là, sa bête noire, comme il disait. À peine eut-il aperçu le Breton, debout,