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six semaines dans un phare.

danse et répondaient avec insolence à nos observations. De plus, ils se livraient à des chuchotements furtifs qui cessaient aussitôt à notre approche.

Le 13 mars au matin, j’étais couché sur mon cadre quand j’entendis un grand bruit sur le pont. Je me levai comme je pus, car j’étais vraiment malade, et je monte sur la galerie. Les nègres venaient de se révolter !…

Une révolte de nègres est terrible en ce sens qu’on ne peut pas tirer sur eux, chaque homme valant au bas mot mille francs. Il faut donc se servir d’autres moyens que ceux de la force.

L’équipage s’est réfugié sur la dunette pour fuir la masse hurlante des nègres qui envahit le pont, car ils se sont débarrassés de leurs fers et nous opposent une barrière infranchissable en nous jetant à la tête tout ce qu’ils trouvent à leur portée. On essaie de parlementer, on presse, on crie, on menace. Ils n’en continuent pas moins d’avancer. Dans un instant nous ne pourrons plus nous maintenir à notre poste.