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yvonnec le breton.

sueur froide lui passer dans les cheveux ; il lâcha la planche qui le soutenait et disparut dans un vire-vire où il tourbillonna plusieurs minutes. Quand il ouvrit les yeux, il se trouva au fin fond de la mer, en face de Léviathan. — Brelindindin, s’écria le potentat des mers, tu es trop curieux ; tu veux posséder ce qui n’existe pas. Je te renvoie au diable qui t’a envoyé. Et il souffla sur Brelindindin, qui fut enlevé comme un fétu de paille par une trombe. Un dauphin était sur mer, le pêcheur sauta sur son dos, et là commença un autre voyage plus terrible encore que le premier. Il vit d’abord l’île qui vole, cette île qu’on ne voit qu’en songe ou en délire.

— Oui, reprit Chasse-Marée, c’est elle que le voyageur altéré aperçoit au loin dans le mirage du désert, et qui apparaît aux matelots comme un radeau fleuri sur la vague ou dans les nuages. Il n’y a qu’une seule habitante, c’est l’Espérance. Brelindindin fit mieux que la voir, il lui parla, et l’Espérance lui répondit : « Je plains tes malheurs, et, bien que je ne puisse te sauver, prends cette branche de verveine. Tant que tu la conserveras sur toi, maléfices ni sorcellerie ne sauraient t’approcher !… Et elle renvoya Brelindindin par le premier navire qui