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six semaines dans un phare.

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qu’il avait dans la tête. En cas de réussite, ils s’en glorifiaient ; si ça ne réussissait pas, ils s’en rejetaient la faute.

La conversation continuait toujours sur le même thème avec les mêmes disputes, quand on sonna à la porte. Le capitaine alla ouvrir. C’était le facteur avec une lettre timbrée de Paris.

— Hé ! Clinfoc, cria le père Vent-Debout, une lettre de Paul.

— Bon Jésus ! serait-il malade ?

— Animal ! il nous annonce son arrivée.

L’oncle, malgré cette assurance, n’ouvrit la lettre qu’en tremblant. Clinfoc le suivait de l’œil pour savoir si la nouvelle était bonne ou mauvaise. Tout à coup le capitaine poussa un cri de joie et sauta au cou de son matelot. Puis les deux vieux se mirent à pleurer silencieusement en se tenant les mains.

— Le grand premier prix de mathématiques au concours de la Sorbonne !

Voilà tout ce que peut dire le capitaine qui cette fois, avec patience, explique à Clinfoc comme quoi Paul faisait ses « spéciales » et aurait pu déjà passer ses examens ; que tous les lycées de la Seine concouraient ensemble et que c’était un grand honneur, la plus grande preuve d’intelligence et de travail que d’être le premier de tous ces élèves les premiers dans leurs lycées respectifs.

— Moussaillon ! fit Clinfoc, et dire que c’est moi qui l’ai élevé !

— Pas possible ! riposta le capitaine furieux.

— Oh ! ne nous disputons pas, ce n’est pas l’occasion, Qu’allez-vous faire ?

— Ça ne te regarde pas !

— Je parie que vous irez à Rochefort prendre le chemin de fer, et, une fois à bord d’un wagon de 1re classe, vous partirez pour Paris. Adieu, mon bon Clinfoc. Je vais chercher le petit, assister à son triomphe, et je te le ramènerai…