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le père la gloire.

Par malheur, nous n’étions jamais d’accord. Comme je vous l’ai dit, il y avait des Français, des Anglais, des Allemands, des Hollandais, et chaque jour il y avait des disputes et des coups de poing. Il y eut même un jour mort d’homme. On fut obligé de se séparer. On fit deux bandes, qui cessèrent même de se parler.

La chasse aux pingouins.

Cependant, à force de résignation, l’existence nous paraissait douce, et nous supportions tranquillement nos malheurs, quand un raz de marée, en enlevant nos huttes et nos outils, faillit nous engloutir tous. Cet accident, au lieu de nous être fatal, nous fit réconcilier avec ceux qui nous avaient quittés. Ils revinrent tous et jamais nous n’eûmes de meilleurs amis.

Un jour, j’eus une idée. Les albatros suivent d’habitude les navires baleiniers, et s’abattent sur la baleine harponnée dès qu’elle a cessé de vivre. Nous nous amusions alors à les tuer à