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le père la gloire.

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essuya des vents contraires. La neige, le brouillard, les tempêtes retardèrent sa marche. Je fus obligé dès le vingtième jour de réduire les rations. Enfin nous mouillâmes, mais sans pouvoir y aborder, en face des îles Croizet et Marion, où nous allions pêcher.

— Tiens ! dit Paul, est-ce que ?…

— Pardon, monsieur Paul, dit le père La Gloire, je sais ce que vous voulez dire, ce sont peut-être les noms des officiers dont je vous ai parlé hier soir, mais je n’en suis pas certain.

— En tout cas, dit le capitaine, c’est probable. Je connais ces îles, j’y ai passé. Ce que je peux affirmer, c’est qu’il y a un siècle que deux officiers français les ont découvertes.

— Étrange coïncidence, dit Paul. On dirait que c’est un fait exprès.

— File ton nœud et au large ! cria Clinfoc au père La Gloire qui reprit aussitôt :

— Nous ne pouvions pas aborder. L’île était couverte de neige, le ciel noir et menaçant, les vents soufflaient avec fureur ; des oiseaux marins, surpris de voir un navire, nous entouraient avec des cris assourdissants, Pendant vingt jours nous restâmes là, le bec dans l’eau, c’est le cas de le dire. Une nuit, la tempête redoubla : les câbles qui retenaient le navire à l’ancre se brisèrent et nos canots furent emportés. Ajoutez, à cela que nous n’avions plus une goutte d’eau, à peine du biscuit pour un jour et qu’il ne restait à bord que trois hommes valides. Les autres étaient sur les cadres.

— Ah ! le joli capitaine ! grogna Clinfoc.

— Je fis construire un radeau…

— Mais c’est le naufrage de la Méduse qu’il raconte !

— À la porte Clinfoc !…

— Ce radeau était peu solide, mais la tempête nous vint en aide ; elle nous poussa sur les récifs contre lesquels se brisa ma