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six semaines dans un phare.

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surcharger mon récit, je vous dirais même qu’il joignait à ce commerce celui de marchand d’huile de baleine, ce qui le mettait en rapport avec tous les baleiniers du globe ; mais en outre que cela serait trop long, j’ai hâte d’arriver au point le plus intéressant, celui de mon départ.

S’il met si longtemps pour partir, que sera-ce donc pour arriver ? dit Clinfoc.

— Le vaisseau le Suffren était en partance pour Canton. Le premier officier du bord, qui était en compte avec notre maison à laquelle il devait déjà une somme considérable, persuada à mon père de lui fournir encore une grande quantité d’objets. Mon père ne se rendit qu’après une vive discussion, et il fut convenu en dernier ressort que j’accompagnerais l’officier à bord, en qualité d’employé aux écritures.

J’étais à cette époque surnuméraire dans les bureaux, comme je n’avais pas d’appointements, et que les traités de l’affaire me parurent très-avantageux pour ma famille et pour moi, enfin que je voulais voir du pays, j’y donnai de grand cœur mon adhésion.

Je devais faire le voyage comme employé et recevoir pour le compte de mon père la moitié des bénéfices des ventes qui seraient opérées par l’officier. Si la carrière maritime me convenait, libre à moi de la suivre ; sinon, au retour du vaisseau, je m’installerais de nouveau dans la maison de mon père.

Vous ne pouvez vous figurer avec quel plaisir je quittai le comptoir paternel pour aller voir du pays et monter sur un vaisseau autrement qu’en curieux.

Sous la protection de l’officier, j’espérais pouvoir m’initier au service maritime, car j’avais autant qu’aujourd’hui une répulsion bien marquée pour tout travail de bureau, et je comptais bien, une fois à bord, y prendre ma place plutôt comme marin, que comme employé. Mes illusions furent de courte durée. Dès que nous fûmes en mer, et que j’eus exprimé à l’officier mon intention de