No. Raconter fes ennuis,c'eft les renonneler. Ch. Conte les toutesfois. No. Quand ma pauure maiftreffe
Ent entendu que Brute, auecque la nobleffe Qui combatoit pour luy d'vn fi louable caur, Anoit efté desfait, & qu'Antoine vainqueur Tuy rennoyoit fon corps,qu'à grand folicitude al auoit recherché parmy la multitude: Apres force regrets qu'elle fit fur fa mort, Apres qu'elle eut long-temps ploré fontrifte fort, Retiree en fa chambre, entreprit,demy-morte, Deborner fes langueurs par quelque briefue forte: Elle eut recours au fer pour s'en player le fein, Mais nous qui l'aduifant,accoureufmes foudain, Iny oftafmes des mains, tout ce dont la rage Beante apres fa mort luy pouuoit faire outrage. Mais ce fut bien en vain: car cognoiffant que nous La voulions deftourner de fuyure fon efpons, Nous monftra par effect,que celle qui decrete La mort en fon efprit,n'en peut estre diftraite. Elle penfa fongearde repenfa pour lors Comment elle pourroit defanimer fon corps: Puis ayant à par foy fa mort determinee, Languiffante s'afied pres de la cheminee, Et ne voyant perfonne à l'entour du fouyer, Qui femblaft, foupçonneux,la vouloir efpier, Prend des charbos ardans, & d'vn regard farouche Guignant deçà delà, les enferme en fa bouche: Les deuale au gofier puis fe venant ferrer Et la bouche le nez de peur de refpirer, S'eftouffa de les mains, tombant renuerfee Nous fit bien prefumer qu'elle fuft trefpaffee. Nous accourons au bruit, chacune de nous, S'arrachant les cheueux, fe martelant de coups, Digitized by Google
