Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée
72
PORCIE.

(nes, Que nos Tyrans Tarquins ioigneyet à leurs couronsAs-tu chaße nos Rois, nos legitimes Rois, Pour nous affuiettir au vouloir de ces trois ? As-tu meurtry les tiens pour voir apres tant d’áges Tes Citoyens fouffrir tant de vilains feruages ? O cruauté du ciel ! que diront aux enfers Ces vieux peres Romains, de nos mal-heurs fouf •^fers ?

Que diront les Marcels, les Torquats, & encore Les Scipions vainqueurs de la campagne More ? Que edirent-ils là bas, entendant auiourd’huy 1eur race fe courber fous le pouvoir d’autruy Que diront que diront les genereux Decies, Si quelqu’vn deualé fur les plaines noircies, Leur dit que le pays, qu’ils rendirent feigneur De tant de nations, applaudit feruiteur, Le pays pour lequel iadis ils fevouerent, Le pays pour lequel leur fang ils prodiguerent ? Sus donc il faut mourir, il faut mourir man cœur, Il faut auecq’le corps defpoiiller ta langueur. Mon cœur qu’attens-tu plus qu’attens-tu d’auatage Que tu ne fais ton Brute au tencbreux riuage ? Ton Brute que voicy, ton Brutedont le corps Gift icy, fon ame en la plaine des morts ?.. O changement diuers, on creux cercueil enferre i Ce qui de fa grandeur comblait toute la terre ! Las ! Brute, mon eher Brute, aumoins reçoyoces pleurs,

Refoy ces durs regrets tefmoins de mes douleurs, Refoy ces moites pleurs que ie te viens efpandre, Pour arroufer tes os ta future cendres : I as ! n’as-tu point regret, qu’oves to foi là basra Citoyen de Pluton, que ien’y fay past m Peux-tu prendre plaifir fous la terre obfcurcies Digitized by Google