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PORCIE.

De leurs corps mefurent la terre, Ayons ce qu’on nous a promis Desant que d’aller à la guerre. Ne lafchons nos Princes vainqueurs, Qu’ils ne guerdonnent nos labeurs. Vn vaillant foldat ne guerroye, Si quand quand fes Empereurs. Nel’allechent de quelque proye. Nous offrons tous les iours nos corps A centcent diuerfes morts, Et toutesfois pour recompence De tant de belliqueux efforts. Nous n’emportons qu’vne indigence. Depuis vingt ans combien de foi Auons-nous vestu le harnois ? Combien de fois fur nos efpaules Anons-nous portéle panois, Depuis que nous vifmes les Gaules ? C’est aux estranges regions, Qu’il fait bon pour les legions : c’est dedans ces terres barbares, Que faifant guerre nous pouuions · Souler nos courages auares. L’Afrique, où le Soleil plus chaud Eflance fes flammes d’enhaut, — Efpromua iadis en faterre, Quelle eft nostre ardeur, quand il faut Marcher aux horreurs de la guerre. L’Efpagne belliqueuse außi Sfauroit bien que dire en ceci, Qui fauorifant les Pompees, Se vint foumettre à lamerci De nos vainquereßes efpres. 3 Digitized by Google