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LES IVIFVES,

Du Serpent couuoit enclos,
Se gliʃʃa par vne pomme
Dans le credule cerueau
D’Eue, eʃpreinte de nouueau
Des coʃtes du premier homme.
Si toʃt ce poiʃon ne fut
Dedans ʃon oreille chut,
Qu’il s’eʃpandit en ʃon ame :
Et qu’Adam, qui le ʃentit,
Außi toʃt ʃe repentit
De la faute de ʃa femme.
Il estoit en ce beau lieu
Aiṇʃi qu’vn terreʃte Dieu,
Commandant aux creatures,
Qui voloyent, & qui nageoyent,
Qui dans les plaines logeoyent
Et dans les foreʃts obʃcures.
Ils foiʃonnoit en tout bien,
Il n’auoit ʃouci de rien,
La terre toute benine
Sans le dur coutre ʃouffrir,
Venoit tous les iours offrir
Les threʃors de ʃa poitrine,
Ses prez eʃtoyent touʃiours vers,
Ses arbres de fruits couuers,
Et ʃes iardins de fleurettes :
Zephyre éuentoit les ciel,
Des cheʃnes couloit le miel
Sans artifices d’Auettes.
L’orgueilleuʃe ambition,
Ni l’auare paßion.
La haine & l’amour encore,
L’eʃperance, ni la peur,
Ne luy geʃnoyent point le cœur,