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PORCIE.

Du cœur Prometheen außi toft qu’il renaist,
Ne becquette aujourd’huy fa dolente poitrine,
Eternelle a preſſer la roche Caucafine.
Celuy qui fur la rouë endure ſon tourment,
Celuy qui dans vn feu rotift inceſſamment,
Celuy qui vit mourant fous vne roche preste
De tomber àtous coups fur fa pureufeteste :
Et celles qui iadis trahiſſant leurs efpous,
Dés la premiere nuit les egorgerent tous, ,
Ies Danaydes fœurs, qui à testes baißees
Rempliffentrainement leurs cuuettes percees :
Ce iourd’huy ce iourd’huy loin de vos couleureaux,
Loin de vos fouets fanglans, loin de vos noirs flam
beaux,

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Loin des cris menaffeurs que vous tonnez, bourrelles
Seiournent affranchis de leurs peines cruelles.
Laiffez-les ce iourd’huy, qu’allegres il vous faut
7 outes deux auec moy vous trouuer icy haut,
Pour faire deualer ces troupes magnanimes
De leurs mortels tombeaux aux eternels alyſmes.
Eflançons le diſcord, qui des freres i hebains
Arma premierement les parricides mains,
Et puis conduit au camp les phalanges d’Adrafte,
Pour ſecourir, amy, l’vn des fils d’Locafte.
Eflançons le diſcord, qui la triſte maiſon
Du viel Tantalean noircit de ſon poiſon :
Quand les coupables os du mal-heureux Thyefle
Ardirent diffamez, d’vn execrable inceſte,
Qui luy feit par Atree, ardant de ſe vanger,
En yn cruel repas ſes deux enfans manger.
Et quoy ? ne pourrons-nous de la mefme puiſſance
Refrener, s’il nous plaift, la Romaine arrogance ?
Ne pourrons-nous domter cet Empire orgueilleux ?
Bien qu’aux celeftes mefme il femblemerneilleux ?