Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée
165

Μ. ΑΝΤΟΙΝΕ.


ACTE PREMIER.

M. Antoine.


PViſque le ciel cruel encontre moy s’obſtine,
Puiſque tous les malheurs de la ronde machine
Confirent contre moy : que les hõmes, les Dieux,
L’air, la terre, la mer me font iniurieux,
Et que ma Royne en qui ie ſoulois viure,
Idole de mon cœur, s’eft miſe a me pourſuyure,
Il me conuient mourir. I’ay pour elle quitté,
Mon pays & Ceſar à la guerre incité,
Vengeront l’iniure faite à ſa ſœur mon eſpouse,
Dont Cleopatre eſtoit à mon malheur ialouſe :
I’ay mis pour l’amour d’elle, en ſes blandices pris,
Ma vie à l’abandon, mon honneur à meſpris.
Mes amis dedaignez, l’Empire venerable
De ma grande Cité deueſtu miſerable :
Dedaigné le pouuoir qui me rendoit ſi craint,
Eſclaue deuenu de ſon viſage feint.
Inhumaine traiſtreſſe, ingrate entre les femmes,
Tu trompes, pariurant, & ma vie, & mes flammes :