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par la perspective d’un riche butin, brûlait d’en venir aux mains, ce reste de brise, d’où dépendait en grande partie la réussite de notre attaque précipitée, se soutint plus longtemps qu’il n’était donné de l’espérer.

Restait à assurer notre déguisement en navire de commerce : la métamorphose ne fut pas longue, et s’opéra comme par enchantement.

On s’empresse de haler dedans les canons et de fermer les sabords de la batterie : le pavillon suédois monta bientôt après à la corne et flotta perfidement dans les airs, tandis qu’un petit nombre de gabiers servaient et dégréaient lentement les perroquets et autres menues voiles, afin de donner à penser que l’équipage n’était composé que de peu d’hommes.

Enfin, presque à la tombée de la nuit, notre frégate, grâce aux derniers soupirs de la brise mourante, mouilla, en s’embossant aussi près que possible, quoique malheureusement à une demi-portée de fusil trop loin de lui, du plus gros des cinq navires, dans la baie de Lagoa. Afin de donner tout à fait le change à l’ennemi et de continuer notre ruse, nos huniers et nos basses voiles furent paquetés tant bien que mal, plutôt mal que bien, par un nombre très-restreint de nos matelots.


X

Au moment où l’installation d’un navire allait être terminée, c’est-à-dire vers les sept heures, une petite goëlette vint à passer à une vingtaine de toises de notre arrière. Les quelques matelots que nous aperçûmes sur son