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— Messieurs, dit l’Hermite en s’adressant à ses officiers d’un ton qui semblait plutôt solliciter un conseil qu’exprimer une volonté, je crois que nous agirions sagement en allant attaquer tout de suite ces vaisseaux. Que pensez-vous de cette opinion ?

— Certainement, capitaine, répondirent les officiers tout d’une voix.

— Car si ces bâtiments sont neutres, reprit l’Hermite, il est inutile que nous perdions notre temps en conjectures ; s’ils sont ennemis, nous ne saurions les combattre trop tôt. Etes-vous de cet avis ?

— Oui, capitaine.

— Alors, veuillez vous rendre, messieurs, à vos postes respectifs, et prendre les dispositions nécessaires pour tenir la frégate prête à tout événement.

Pendant ces préparatifs, le vent tomba peu à peu et ralentit graduellement la marche de la frégate.

— Eh bien, Garneray, me dit l’Hermite en braquant sa longue-vue vers la baie de Lagoa, avez-vous commencé votre dessin ?

— J’ai marqué les principales positions, capitaine : mais quoique les navires ancrés dans la rade nous présentent l’avant, je ne puis cependant reproduire ces navires exactement, car j’ignore qui ils sont…

— Vous avez raison. Le soleil, près d’atteindre le vaste rideau de montagnes sur lesquelles nous faisons route, projette une ombre si épaisse sur cette seule partie visible, qu’il est impossible en effet de distinguer si ce sont des bâtiments de guerre ou des navires marchands. Cela me contrarie sous beaucoup de rapports. Enfin, un peu de patience !

Le capitaine, après avoir prononcé ces dernières paroles à mi-voix et comme se parlant à lui-même, l’air