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IX

Ce fut le 15 août 1799 que la Preneuse appareilla pour le sud de Madagascar ; je dois dire que la Preneuse était armée de quarante canons et de quatre obusiers. Ah ! combien j’étais loin de penser alors, en sentant ce puissant navire sous mes pieds et en songeant que nous avions l’Hermite pour capitaine, aux catastrophes terribles dont je devais être acteur et témoin ! Je rêvais riches parts de prise, avancement, plaisirs au retour, tandis que la plus épouvantable croisière qui ait probablement jamais eu lieu m’attendait. Ce fut donc le 15 août 1799 que la Preneuse appareilla pour le sud de Madagascar ; quinze jours d’une brise fixe et légère la transportèrent sur ce point, où elle rangea la terre de près pour reconnaître les lieux.

À la hauteur d’Augusta, nous mîmes en panne ; et le capitaine se retira dans sa dunette pour prendre connaissance de la route que lui prescrivaient ses expéditions, que le moment de les décacheter était venu.

L’équipage, assemblé sur le pont, se demandait avec anxiété si l’on relâcherait dans le port devant lequel le navire se balançait gracieusement sous ses trois huniers, et où il serait enfin permis de dépenser cet or que l’on avait touché à l’Île de France, et que l’on brûlait du désir d’échanger contre des plaisirs. Chacun racontait à son voisin, qui, absorbé lui-même par de semblables préoccupations, ne l’écoutait pas, la façon dont il souhaitait dépenser, ou,