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À son attaque brusque et formidable, nous répondîmes d’abord par un tel feu de nos deux navires, qu’un moment il s’arrêta presque surpris et humilié, ne pouvant se figurer qu’une seule frégate et une seule corvette osassent soutenir sérieusement un combat dans lequel les forces étaient si disproportionnées ; puis, lorsque tout à coup notre batterie de terre, construite à fleur d’eau, c’est-à-dire à l’abri des coups de l’ennemi, joignit au nôtre son feu, dont pas un coup n’était perdu, la stupéfaction des Anglais se changea en fureur, et ils redoublèrent d’efforts.

Fureur impuissante et efforts inutiles ! Leur acharnement ne contribua, en les tenant plus longtemps sous notre feu, qu’à doubler leurs pertes et à augmenter leur honte. Avant la fin du jour, l’Anglais était obligé d’abandonner le combat et de lever, par suite de l’état déplorable dans lequel il se trouvait, le blocus de la colonie et sa croisière.

Quelques jours plus tard, nos deux navires entraient triomphalement au port Maurice, au nord-ouest, au milieu des acclamations de la population entière. Le beau fait d’armes de l’Hermite est connu sous le nom de combat de la rivière Noire.

Je passai les premiers jours que je restai à terre, à travailler, avec un acharnement qui tenait presque de l’inspiration, à un dessin qui représentait ce combat. Mon œuvre terminée, je m’empressai d’aller l’offrir à M. Bruneau de la Souchais, dont la conduite, dans cette mémorable circonstance, avait été à la hauteur de celle de l’Hermite.

Je n’ose pas dire que j’avais réussi, mais toujours est-il que l’excellent capitaine, ému de mon attention sans doute, s’attache, dès ce moment, plus particulièrement à moi et