Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée

— À son matelot, oui ; car on est matelot ou on ne l'est pas… tu sais.

— Oui, au fait, t'as raison. Eh bien ! voyons, finissons-en, puisque tu t'obstines. Toutefois, je mets une condition à ma confidence… Si tu refuses… eh bien, tant pis. Traite-moi de Bas-Normand, si ça peut t'être agréable ; mais je t'engage ma parole que tu ne m'arracheras pas une syl­labe…

— Voyons ta condition.

— C'est que tu ne répéteras à qui que ce soit au monde, pas même à une femme, quand bien même elle aurait des robes de mousseline et des bas de soie, un mot de ce que je vais te glisser dans le tuyau de l'oreille, tant que ton cousin le capitaine sera vivant…

— Je te le jure…

— Eh bien ! la commission dont m'avait chargé le capi­taine, c'était de te jeter à la mer si tu faiblissais pendant le combat ! Tu trouves ça joliment beau de sa part, n'est-ce pas ? Moi aussi, je suis de cet avis-là… Peu de parents eussent agi avec autant de délicatesse envers l'un des leurs… d'autant plus que je connais le capitaine, et je suis persuadé que si tu avais sauté le pas, il se serait arrangé de façon à se faire casser la tête au premier abordage… C'est un crânement brave homme tout de même. À présent, motus là-dessus ; c'est fini. Parlons d'autre chose. Je rumine un projet que je vais te communiquer.