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— Mais vous, capitaine, pourquoi retournez-vous en France ?

— Oh ! moi, garçon, c’est autre chose. Tout viveur et rond que tu me vois, j’ai un sentiment dans le cœur qui m’obsède et me harcèle sans cesse… Je vais en France pour me marier !

En effet, le 29 janvier 1801, Surcouf, commandant la Confiance, mettait à la voile pour Bordeaux.

Comme ces mémoires, renfermant seulement les faits dont j’ai été témoin, laissent en route, sans plus s’en occuper, des personnages auxquels le lecteur pourrait s’intéresser, mais que le hasard n’a plus placés sur mon chemin, j’ajouterai que Surcouf, après une traversée accidentée au possible, et que je regrette vivement de ne pas avoir faite, ce qui me donnerait le droit de la raconter à présent, trouva en arrivant les passes de la Gironde bloquées et parvint à débarquer la riche cargaison de la Confiance à La Rochelle, où il mouilla le 13 avril suivant.

Quant à son mariage avec celle qu’il aimait, mademoiselle Marie-Catherine Blaize, il eut lieu à Saint-Malo le 8 prairial an IX de la République, ou, si l’on aime mieux le 28 mai 1801. On voit que Surcouf menait aussi rondement les affaires de sentiment que celles de sa profession. Le corsaire breton avait alors vingt-sept ans !