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devant les cabines occupées par les Anglaises : ces dames, effrayées du tumulte qui s’est rapproché d’elles, demandent grâce et merci…

Surcouf les rassure, leur présente ses respectueux hommages avec tout le savoir-vivre d’un marquis de l’ancien régime, s’excuse auprès d’elles du débraillé de sa toilette, s’inquiète de leurs besoins, et ne les quitte qu’en les voyant redevenues calmes et tranquilles. Toutefois, quoique pas un homme de notre équipage n’ait certes songé à abuser de la position de ces passagères, Surcouf place, pour surcroît de précaution, des sentinelles aux portes des cabines qu’elles occupent, en leur donnant pour consigne de tirer sur le premier qui voudrait pénétrer chez les Anglaises.

Parmi ces dames qui, une fois rendues à la liberté et à leurs familles, s’empressèrent de reconnaître avec autant de bonne foi que de reconnaissance les respectueux empressements dont elles avaient été l’objet, se trouvait une princesse allemande, la fille du margrave d’Anspach, qui suivait dans l’Inde son mari, le général Saint-John.

Du reste, je ne dois pas oublier d’ajouter que pas un homme de notre équipage ne songea un instant à s’emparer des objets, et il y en avait de fort riches et de grande valeur, qui se trouvaient dans les cabines des passagères. Quant aux deux heures de la part du diable, Surcouf par ses simples exhortations, car il avait donné sa parole, je l’ai dit, et ne pouvait revenir sur cette promesse, trouva moyen de les réduire considérablement, presque de les annuler.

Pendant que le chirurgien-major de la Confiance, M. Lenouel de Saint-Malo s’occupe à soigner les blessés, et que l’on s’empresse de dégager les grappins et l’