Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/360

Cette page n’a pas encore été corrigée

élevé, nous débarrassent d’autant d’officiers qu’ils en aperçoivent et qu’ils en visent.

— Ouvrez les rangs sur les passavants, crie bientôt Surcouf d’une voix vibrante.

Sa parole retentit encore quand les deux pièces de canon dont nous avons déjà parlé, et que nos marins sont parvenus à charger en cachette de l’ennemi et à rouler sur l’arrière, se démasquent rapidement et vomissent leur mitraille, jonchant à la fois de cadavres et de débris humains les passavants, les deux bords du gaillard d’arrière et ceux de la dunette.

Ce désastre affreux ne fait pas perdre courage aux Anglais, et, prodige qui commence à nous déconcerter, et que je crois pouvoir pourtant expliquer, les vides de leurs rangs se remplissent comme par enchantement.

Depuis que nous avons abordé, nous avons presque tous mis, terme moyen, un homme hors de combat : nous devrions donc être, certes, maîtres du Kent. Eh bien ! nous ne sommes cependant pas plus avancés qu’au premier moment, et l’équipage que nous avons devant nous reste toujours aussi nombreux.

XVI


À chaque sillon que notre fureur trace dans les rangs ennemis, de nouveaux combattants roulent, semblables à une avalanche, du haut de la dunette du Kent et viennent remplacer leurs amis gisant inanimés sur le gaillard d’arrière ; c’est à perdre la raison d’étonnement et de fureur.