Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/347

Cette page n’a pas encore été corrigée

donc ! s’écrie notre sublime Breton radieux ; voilà qui s’appelle parler franchement. À présent, mes amis, assez causé. Soyons tout à notre affaire.

Alors après les trois solennels coups de sifflet de rigueur, le maître d’équipage Gilbert commande :

— Chacun à son poste de combat !

Et le silence s’établit partout.

La bordée de l’Anglais nous avait, est-ce la peine de le dire, parfaitement prouvé que les trente-huit canons qui allongeaient leurs gueules menaçantes par ses sabords étaient on ne peut plus véritables et ne cachaient aucune supercherie.

Une chose qui nous surprit au dernier point et nous intrigua vivement fut d’apercevoir sur le pont du vaisseau ennemi un gracieux état-major de charmantes jeunes femmes vêtues avec beaucoup d’élégance et nous regardant, tranquillement abritées sous leurs ombrelles, comme si nous n’étions pour elles qu’un simple objet de curiosité !

Ce vaisseau, malgré les couleurs qui flottaient à son mât, appartenait-il donc à la riche compagnie danoise ? Car le Danemark étant alors en paix avec le monde entier, et protégé par l’Angleterre, à qui il rendait en sous-main tous les services imaginables, ses navires parcouraient librement toutes les mers, surtout celles de l’Inde. Mais alors pourquoi nous avoir envoyé sa bordée ? Probablement parce que, beaucoup plus fort que nous, et nous considérant comme étant en sa puissance, il tenait à rendre un service à l’Angleterre son amie. Cela pouvait être.

D’un autre côté, nous nous demandions si ce n’était pas par hasard un vaisseau trompeur ? Mais non, cela