Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est une chose réellement bizarre comme votre navire ressemble à un corsaire français !

— Mais c’en est un, capitaine ! et un fameux, encore ! celui que nous avons capturé sur la côte de Gascogne. Comme les corsaires de Bordeaux sont les meilleurs marcheurs du monde, nous l’avons préféré à notre bâtiment pour continuer notre voyage. Notre intention est, Dieu aidant, de poursuivre et de prendre Surcouf.

— Un fameux coquin ! s’écria le commandant de la Sibylle.

— À qui le dites-vous ? capitaine. Nous savons qu’il croise en ce moment dans ces parages-ci, et qu’il y cause un tort considérable au commerce anglais… Oh ! nous le prendrons… nous l’avons juré !

Pendant que cette conversation avait lieu entre notre interprète et le capitaine anglais, les hommes du canot commandés par l’enseigne Bléas se mettent tout à coup à pousser des cris de détresse : en effet, leur embarcation, presque toute remplie d’eau, est sur le point de couler.

Nous hélons immédiatement la frégate pour la supplier d’envoyer secourir nos hommes, car nos autres embarcations, encore plus abîmées par les boulets et la mitraille que celle qui coule en ce moment, sont tout à fait hors d’état de tenir la mer.

Comme le sauvetage de naufragés est le plus impérieux et le premier devoir du marin, dans quelque position qu’il se trouve et à quelque nation qu’appartiennent les malheureux en danger, deux grands canots se dirigent immédiatement de la Sibylle pour venir au secours de l’enseigne Bléas et de ses matelots.

— Sauvez seulement nos marins, crie l’interprète. Quant à nous, nous allons courir un bord et les prendre en revenant ainsi que le canot.