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craignez-vous pas qu’ils ne trouvent la plaisanterie un peu forte et qu’ils ne refusent de s’y associer ?

— Vous n’avez rien à craindre à ce sujet : vos gens sont avertis, dévoués, et ils joueront leur rôle à ravir ! À présent voici cent doublons pour vous et vingt-cinq pour chacun d’eux. Cet argent est destiné à charmer les loisirs de votre captivité ; mais ne craignez rien, je vous promets que vous sortirez de prison avant d’avoir eu le temps d’entamer sérieusement cette somme. Oui, je vous promets, dussé-je donner cinquante Anglais en échange contre vous, que vous serez tous libres bientôt !… À présent, inutile d’ajouter, car je vous connais, qu’en outre de ces cent doublons et de vos parts de prise, une magnifique et copieuse récompense sera prélevée sur la masse pour vous et pour vos hommes…

— Oh ! capitaine, quant à cela…

— Bah ! laissez donc !… de l’or, ça porte bonheur… Ainsi, vous m’avez bien compris ?

— On ne peut mieux, capitaine.

— N’allez pas, au moins, vous jeter à la nage !

— Quoi ! s’écria l’enseigne Bléas avec une stupéfaction comique, est-ce qu’il faut nous laisser noyer ?

— Non, farceur… Dès que vous aurez de l’eau à mi-jambe et que votre embarcation sera convenablement pleine, vous appellerez à votre secours, et en bon anglais, surtout, les hommes de la Sibylle… C’est arrêté, convenu, adjugé.

— Oui, capitaine… ça ne fait pas un pli.

— Alors, une poignée de main, et sautez dans le canot.