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— Me voici à vos ordres, capitaine, lui dit-il. J’espère que vous approuverez mon travestissement ?

— Il est on ne peut mieux réussi, mon cher ami, lui répondit Surcouf en riant. À présent, écoutez-moi avec la plus grande attention. La mission que je vais vous confier est de la plus haute importance. Si je vous ai choisi pour être le héros de la comédie, c’est d’abord en votre double qualité de neveu de l’armateur de la Confiance et d’intéressé dans les actions du corsaire, ensuite parce que vous parlez admirablement bien anglais ; enfin, par suite de l’estime toute particulière que m’inspirent votre intelligence et votre sang-froid.

— Je ne puis vous répéter que ce que je vous ai déjà dit, capitaine, que je suis à vos ordres.

— Je vous remercie. Vous allez, Bléas, monter dans la yole et vous rendre à bord de la Sibylle.

— Bien : dans dix minutes vous m’apercevrez sur son pont.

— Du tout ; dans cinq minutes je veux voir, vous étant dedans, votre yole s’emplir.

— Vrai, Surcouf ? Eh bien ! je veux bien couler, quitte à me faire croquer par un requin pendant que je me sauverai à la nage : mais que le diable m’emporte et que la Sibylle nous capture si je comprends votre intention !

— Ça ne fait absolument rien à la chose, Bléas. Vous avez, oui ou non confiance en moi ?

— Puisque je vous dis, capitaine, que c’est convenu ! Ah ! à propos, mais les gens qui m’accompagneront, ne