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et sa figure refléta la joie la plus vive.

Dès que le navire danois fut à portée de fusil de la Confiance, son capitaine vint à notre bord. Je le vois encore descendant sur notre pont d’un air hypocrite, humble, et portant un gros registre sous son bras.

— Illustre capitaine, dit-il en s’inclinant profondément devant Surcouf…

Mais ce dernier, lui coupant la parole :

— Venez avec moi, lui dit-il, nous causerons plus à l’aise dans ma cabine.

Au premier mot prononcé par le Danois, il me sembla que j’avais déjà entendu sa voix ; en consultant mes souvenirs, je me rappelai que cette voix était la même que celle du capitaine avec qui Surcouf avait eu une conférence, surprise par moi, chez le consul de Danemark. Je compris tout alors : cet homme était notre espion, qui venait rendre compte de l’honorable mission dont Surcouf l’avait chargé.

En effet, pendant trois heures entières il resta enfermé avec notre capitaine dans la grande chambre ; il paraît qu’il avait fait consciencieusement les choses.

À partir de cette époque, la Confiance, qui établit sa croisière de la côte Malaise à la côte Coromandel, et vice versa, en remontant le golfe du Bengale, ne cessa plus de faire d’heureuses rencontres. En moins d’un mois nous capturâmes six magnifiques navires, tous richement chargés, de l’importance, l’un dans l’autre, de cinq cents tonneaux ; cinq de ces navires étaient anglais, le dernier un faux arménien.

Décidément, pensai-je, les six mille piastres ou trente mille francs déboursés par Surcouf lui rapportent de fort beaux intérêts.

Une fois nos prises expédiées, notre équipage se