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mais oui, car c'est là une fièrement belle idée, en y réfléchissant tout de même, que vous avez eue là, capitaine.

— Tu peux t'en aller !

— Louis, me dit mon cousin après que mon matelot se fut éloigné, tu ne m'en veux pas de t'avoir fait entrer dans la marine ?

— Ah ! mon cousin !… si c’était à recommencer en ce moment, je n'hésiterais pas plus que je n’ai hésité !… au contraire.

— Au fait, tu as raison, me dit-il en me serrant affectueusement la main, en dehors de notre profession il n'y a rien qu'ennuis à attendre ici-bas… J'ai peut-être tort, que veux-tu, je suis ravi de te voir à présent à bord de la Forte, sur le point de subir le baptême de feu… Au revoir, mon garçon, n'oublie pas mes recommandations… Mais à quoi bon te les répéter ?.. Je crois pouvoir compter sur toi… Va regagner ton poste de combat.

Mon cousin me pressa une dernière fois la main, me regarda d'un air paternel, presque attendri, et je sortis de la dunette avec autant de respect que d'amour pour lui dans le cœur.

Attaché, ainsi que Kernau, au personnel des signaux, mon poste, comme le sien, était sur la dunette.

— Eh bien ! matelot, lui dis-je en le rejoignant, il paraît que le capitaine t'a chargé d'une fameuse mission…

— Possible ! me répondit-il d'un air embarrassé.

— Ne peux-tu me la communiquer ?

— Ah bien oui ! impossible, vieux !

— Bah ! impossible… après tout, si c'est la consigne je n'insiste pas… Et puis veux-tu que je t'avoue une chose ?… j'ai tout deviné…

— Ah ! ça c'est sévère !… t'as deviné ?

— Oui, et la preuve c'est que je te complimente…