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adressais autrement que par un petit sourire mystérieux, hâta le pas et s’arrêta enfin devant la maison de MM. Tabois-Dubois, riches négociants de l’île de France.

— Le capitaine est-il visible ? demanda-t-il au premier nègre qu’il rencontra, et sur la réponse affirmative de l’esclave, Monteaudevert monta rapidement l’escalier, et s’arrêta au premier étage.

Des éclats de rire, des paroles fortement accentuées et le bruit d’une discussion animée quoique amicale, se faisaient entendre derrière une porte à laquelle mon conducteur frappa.

— Entrez ! répondit une voix sonore.

Le Malouin poussa la porte, me prit par le bras et me fit passer devant lui.

Je restai assez intimidé en me trouvant dans un grand salon rempli de monde ; mais je me remis bientôt en reconnaissant parmi les personnes présentes plusieurs de mes connaissances, entre autres les enseignes Roux, Fournier et Viellard, et le contremaître Gilbert, qui tous avaient navigué avec moi sur la Preneuse.

— Ah ! te voilà, mon brave Ripeau ! s’écria un jeune homme de vingt-quatre à vingt-cinq ans, qui s’avança avec empressement vers le capitaine corsaire, et lui serra cordialement la main, fais ton grog à ta guise, allume ce cigare et causons.

— Merci, Robert, répondit Monteaudevert, tout à l’heure je boirai, je fumerai et je causerai tant que tu voudras ; mais auparavant laisse-moi te présenter le jeune homme dont je t’ai déjà parlé, le favori de l’Hermite. C’est jeune, solide, plein de bonne volonté, instruit, et ça n’a pas encore eu de chance !… Il n’a pas l’air bien gai, mais ne fais pas attention, il n’y a pas