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d’à-propos que ma bourse se trouve complètement à sec ! Au reste, ces quelques piastres représentent, avec les faibles appointements que j’ai touchés pour mon voyage à Bombetoc, sur le Mathurin, tout ce que j’ai gagné depuis que je suis dans la marine. Et cependant j’ai déjà assisté à bien des combats et subi d’assez grandes fatigues !

— Quoi ! c’est là tout ce que vous avez gagné pendant votre carrière maritime, mon pauvre jeune homme ? s’écria le capitaine Monteaudevert. Jour de Dieu ! Je veux, moi, que vous preniez une éclatante revanche sur la mauvaise fortune, et quand je veux une chose, je ne suis pas Breton pour rien, il faut que cette chose arrive. Parbleu ! il n’y a pas de temps à perdre : je m’en vais de ce pas retenir votre place, ajouta le corsaire en se levant. Soyez sans inquiétude, je me charge de l’obtenir. À présent, si cette fois vous ne réussissez pas au-delà de votre attente, il faudra réellement que vous ayez du guignon.

— Je vous suis bien reconnaissant, capitaine ; mais de quelle place parlez-vous, je vous prie ?

— D’une place que j’accepterais avec bonheur pour moi, si je n’étais pas moi-même capitaine… Mais, je vous le répète, le temps presse… rétablissez-vous vite, je viendrai vous prendre dans trois ou quatre jours.

L’excellent Malouin parti, je me creusai en vain la tête pour essayer de deviner de quoi il s’agissait ; mais je ne pus y parvenir : aussi fut-ce avec un vif plaisir que je le vis entrer trois jours plus tard dans ma chambre. Complètement remis de ma maladie, puisque déjà la veille j’avais été faire un tour de promenade seul et à pied, c’est debout et habillé qu’il me trouva.

— Il paraît que ça va bien, me dit-il ; allons, venez : on vous attend.

Le Malouin, sans répondre aux questions que je lui