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rencontrer, car il est probable que je pourrai vous être utile… J’ai déjà engagé plusieurs de vos amis de la Preneuse ; votre ancien chef de timonerie, Huguet, en qualité de lieutenant, et votre contremaître, Legoff, comme mon maître d’équipage… sans compter plusieurs matelots. Voulez-vous être mon second chef de timonerie ? C’est la seule place qui puisse vous convenir, dont il me soit encore permis de disposer. Nous partons dans huit jours.

— Ma foi, volontiers, capitaine, lui répondis-je, jusqu’à présent j’ai assisté à beaucoup de combats, mais je n’ai touché que fort peu de parts de prise. Sans parler de l’honneur de servir sous vos ordres, je ne serais pas fâché de rétablir un peu l’équilibre dans mes finances…

— Eh bien alors, c’est entendu ! Venez me voir demain, vers les dix heures, au grand café de la Grande-Rue, et je vous présenterai à mon état-major.

Le lendemain, fidèle au rendez-vous de mon nouveau capitaine, j’arrivai à l’heure qu’il m’avait désignée, et je le trouvai sur le point de se mettre à table : il me plaça à ses côtés, car parmi les corsaires la hiérarchie des grades est peu observée, et il me fit faire connaissance d’abord avec son second, un nommé Duverger, Normand pur sang, qui je l’avoue, ne me plut que fort médiocrement ; ensuite avec son chef de timonerie, appelé Lamorthe. Quant à son lieutenant, Huguet, et à son maître d’équipage, Legoff, j’avais déjà, je l’ai dit, fait avec eux la fameuse croisière de la Preneuse. Nous nous revîmes avec un sincère plaisir.

Le capitaine Maleroux, que tout le monde connaissait et estimait à l’île de France, était, ainsi que le fameux Deschiens, dont la réputation ne périra jamais dans les mers de l’Inde, et qui, pendant la guerre de 1777, opéra,