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VIII

Une fois ces combats de taureaux, comme on n’en a jamais vu qu’à Madagascar, terminés par une catastrophe aussi sanglante, vinrent des tours d’adresse et de force réellement merveilleux ; puis enfin, pour clore la fête, on improvisa un homérique repas. Cent feux s’allumèrent comme par enchantement, cent cuisines furent dressées en un clin d’œil, au milieu de la plaine et sur les bords de la lagune. Des arbres entiers abattus et livrés à la flamme servirent à faire cuire les trente taureaux immolés pendant le combat. Quant aux moutons et aux pièces de gibier, on ne les considérait, au milieu de ce rôtissage fantastique, que comme de simples hors-d’œuvre.

La nuit tombait et toute la population de Mazangaïe était en proie à une ivresse complète, lorsque le capitaine Cousinerie nous ordonna de retourner à bord. Une heure plus tard le Mathurin abandonnait, pour n’y jamais revenir, la côte de Madagascar !

De Mazangaïe nous nous dirigeâmes vers l’archipel des Séchelles, où nous complétâmes notre cargaison par un chargement de tortues. Notons en passant que ce parage est, sans contredit, le plus poissonneux qui existe dans le monde entier.

Notre chargement terminé, nous reprîmes la mer ; et malgré les apréhension que nous causait le navire de guerre the Victory, nous arrivâmes enfin, après une fort heureuse traversée, à l’Île de France. Mon premier soin,