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D’abord les joutes pour le jet de la zagaie, qui consistent à percer à trente ou quarante pas un bouclier suspendu à un arbre, attirèrent notre attention et durèrent près d’une heure.

À la suite de ces joutes qui nous divertirent, le premier moment de la curiosité passé, fort médiocrement, vinrent des combats de taureaux ; mais des combats comme l’on n’en a vu ni à Cadix, ni à Madrid, ni à Séville ! Quelque chose de grandiose et de barbare, de sauvage et de sublime tout à la fois !

À Mazangaïe, il n’y avait ni retraites pour soustraire le toréador trop vivement poursuivi, à la fureur de son ennemi, ni muletas rouges, ni banderillas enflammées pour exciter le taureau.

Le premier Malgache venu, armé d’une zagaie et d’une hache, sortait de la foule et s’avançait en courant vers un troupeau de taureaux sauvages, aux cornes menaçantes, aux narines gonflées par la colère, aux jarrets nerveux ; puis, après un moment de rapide examen, le Malgache choisissant sa victime, c’est-à-dire l’animal qui lui semblait le plus robuste et le plus méchant, commençait le combat en lui lançant sa zagaie.

Alors il fallait voir la lutte s’engager ! Le taureau blessé s’élançait avec une sauvage impétuosité sur son agresseur à moitié désarmé, car le Malgache lui laissait pendue au flanc sa zagaie, et le poursuivait, en hurlant de douleur, avec une ténacité pleine de rage. Le Malgache, l’œil brillant de joie et le sourire sur ses lèvres, adroit comme un singe, leste comme un écureuil, tantôt glissant à côté de l’animal, stupéfait de ne rencontrer que l’air avec ses cornes, tantôt posant son pied sur son large front au moment où il baissait la tête, faisait un saut de quinze pieds par-dessus lui et retombait sur les pieds avec une souplesse de tigre.