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et que ceux-ci s’étaient beaucoup étendus auprès de la reine sur le peu de loyauté de la France, l’avertissant que si jamais elle traitait avec des gens de cette nation, elle pouvait être assurée qu’ils abuseraient de sa bonne foi, et ne tiendraient pas leurs promesses ; que du reste, s’ils la menaçaient, elle n’avait pas à s’inquiéter de cela, car si jamais les Français osaient s’attaquer à sa puissance, eux, les Anglais, accourraient tout de suite à son secours, et que quelques coups de canon leur suffiraient pour mettre ces indignes trompeurs en fuite.

— Et comment se fait-il, Carvalho, lui dis-je, que tu ne m’aies rien dit de tout cela jusqu’à ce jour ?

— Ah ! mon Dieu, seigneurie, me répondit-il en se frottant les côtes, c’est que je n’avais pas pu encore vous apprécier suffisamment !

Cette révélation de l’interprète, qui m’expliquait la mauvaise issue de mon ambassade, me causa un sensible plaisir, car elle me mettait à même de répondre aux reproches que le capitaine Cousinerie pourrait m’adresser sur mes talents diplomatiques.

Comme, grâce à l’hospitalité forcée du mari de la belle amboulame, notre retour s’était opéré en trois jours au lieu de deux, nous arrivâmes de fort bonne heure à Mazangaïe. Ce ne fut pas sans un certain plaisir que j’aperçus en touchant à terre le pavillon de la goélette le Mathurin flotter au vent. À peine avais-je fait quelques pas que je rencontrai le capitaine Cousinerie et une partie de l’équipage ; un hourra accueillit mon arrivée, et chacun se pressa autour de François Poiré, de Bernard et de moi, en nous accablant de questions.

Je racontai en peu de mots mon entrevue avec la reine de Bombetoc, le refus que j’avais éprouvé de sa