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Le lendemain matin au point du jour, nous nous remîmes en route, ou, pour être plus exact, nous montâmes dans cette excellente et douce pirogue qui déjà la première fois nous avait transportés si agréablement de l’autre côté de la lagune ; nos fatigues étaient passées, encore quelques heures d’une délicieuse navigation et nous allions atteindre Mazangaïe.

Nos adieux à la reine furent touchants ; elle pleura beaucoup, et son mari fit de son mieux pour modérer sa douleur. Enfin entre une poignée de main et un sanglot nous nous séparâmes.

Depuis que le seigneur Carvalho avait reçu le prix de son dévouement, il ne pouvait cacher l’estime que je lui inspirais ; car, c’est, hélas ! une observation que j’ai été mille fois à même de faire : chez les peuples peu civilisés, la clémence passe toujours pour de la faiblesse ou de l’impuissance ; tandis qu’ils regardent la sévérité et la violence comme un signe de supériorité !

Je profitai donc de la haute opinion que les vingt coups de bâton avaient donnée de ma personne au Portugais pour l’interroger sur les Anglais qui, ainsi que nous l’avions appris par le langage de nos danseuses avaient dû visiter avant nous le royaume de Bombetoc.

Carvalho m’apprit qu’en effet, quinze jours environ avant son arrivée, un navire de guerre anglais la Victoire (the Victory), avait relâché à Manzangaïe ; qu’une partie de l’équipage de ce bâtiment s’était rendue auprès de la reine de Bombetoc en ambassade, et lui avait apporté un riche présent dont faisaient justement partie ces mêmes pièces de soierie que l’on m’avait présentées, et dont je devais rapporter une cargaison semblable ; que lui Carvalho avait aussi servi d’interprète aux Anglais,