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tenant toujours en joue, et au premier soupçon que t’inspirera sa conduite, feu sur lui !

— Convenu, lieutenant, vous pouvez compter sur moi.

Le traître Carvalho ne put dissimuler, en m’entendant donner cet ordre, une piteuse grimace ; toutefois je jugeai, en voyant son effroi, qu’il ne songeait plus pour le moment à nous trahir.

En effet, un quart d’heure plus tard, il revenait nous annoncer, toujours accompagné par Bernard qui s’était fait son ombre, que nos porteurs nous suivaient et que nous pouvions nous remettre en route.

— Très bien, lui dis-je. À présent, veuillez marcher en avant et nous montrer le chemin.

Grâce à cette sage précaution qui ne permit plus au Portugais de communiquer avec notre suite, l’ordre se rétablit de lui-même, et aucun incident ne troubla plus la fin de la journée. Il était fort tard lorsque nous arrivâmes à notre première étape. Nous nous couchâmes par terre, nos armes placées à portée de notre main, et il fut convenu que chacun de nous veillerait à tour de rôle pendant deux heures. Carvalho, que nous avions placé au milieu de nous, comprenant, en présence de cette précaution, qu’il n’y avait rien à faire, s’endormit d’un profond sommeil.

Le lendemain, nous arrivâmes d’assez bonne heure dans la vice-royauté où nous avions été si bien reçus lors de notre passage. Le vice-roi, de même que la première fois, vint à notre rencontre et nous accueillit avec tous les témoignages d’une expansive amitié : il nous emmena en triomphe dans sa paillote, où nous retrouvâmes sa femme, la belle amboulame, qui nous attendait.

Après avoir pris le repas qu’il nous fit préparer, nous voulûmes