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— Il est trop tard, tu dois mourir ! Et puis, à quoi pourrais-tu nous être utile maintenant que notre escorte se trouve réduite à deux hommes ? … — Arrêtez !… mais, seigneurie… écoutez-moi un moment, je vous en conjure… Les hommes mordus par les serpents l’ont été si légèrement qu’à vrai dire cela ne vaut pas la peine d’en parler…

— Et ceux saisis par les caïmans ?

— Oh ! quant à ceux-là, seigneurie, c’est inutile d’en parler… ils ont été si peu saisis…

— Et celui qui s’est cassé la jambe ?…

— Oui, c’est vrai, il le croyait d’abord… mais il n’en était rien… il peut courir encore, malgré son accident, aussi vite qu’un chevreuil…

— Alors, je vois avec joie que des dix hommes de notre suite, pas un seul n’est ni blessé ni estropié, et que tous peuvent se remettre en route…

— Certainement, seigneurie ! ils ne demandent pas autre chose. Si vous daignez me laisser libre, je vais aller les avertir que vous voulez bien permettre que nous nous mettions tout de suite en marche. Cette nouvelle leur fera grand plaisir !

— Je suis réellement trop bon de te pardonner aussi facilement que je le fais tes mensonges… Relève-toi et va rejoindre ton escorte ; mais n’oublie point une chose, c’est que le matelot Bernard va te suivre à distance, et que s’il remarque de ta part, pendant que tu parleras aux Malgaches, le moindre signe de connivence avec eux ou de trahison pour nous, il t’enverra les deux balles que renferme le canon de son fusil ! Or, Bernard ne manque jamais une hirondelle à cent pas. Te voilà averti ; agis à présent comme bon te semblera !… Bernard, continuai-je lorsque le Portugais se fut relevé, suis cet homme en le