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malheureux et les laisser exposés, sans défense aucune, à la voracité des tigres et des caïmans, nous sommes convenus que l’un d’entre nous ira chercher des secours à la capitale voisine, et que nous camperons ici pendant cette nuit…

Le Portugais, après avoir prononcé ces paroles avec une grande volubilité et sans oser me regarder en face, se disposait à s’éloigner, lorsque je le retins.

— Carvalho, lui dis-je, comme je vous paye, vous et les gens de ma suite, pour m’obéir, je trouve fort mauvais que vous vous avisiez de prendre une détermination sans me consulter auparavant…

« Il est impossible que nous campions cette nuit au milieu des broussailles et des sables mouvants qui nous entourent. Avertissez les Malgaches qu’ils aient à se remettre en route tout de suite. Quant aux deux hommes mordus par un serpent, dites que l’on me les apporte ici, je ne serai pas fâché de m’assurer par mes yeux de leur état.

Comme j’avais parlé avec une fermeté et sur un ton qui n’admettait guère de contradiction, le Portugais n’osa pas me résister ouvertement.

— Seigneurie, me répondit-il, je m’en vais faire part de vos volontés à vos Malgaches… seulement je doute qu’ils consentent à s y soumettre.

— Eh bien ! lieutenant ? me dirent mes matelots.

— Eh bien, mes amis, nous avons à nous trois douze coups à tirer, plus trois vigoureux poignets armés de bons sabres bien affilés. Avec cela on peut se tirer d’affaire.