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François. Quant à moi, j’ai combiné une malice qui l’empêchera de nous nuire…

— Voyons votre malice, François ?

— Je m’en vais rester en arrière, puis vous, feignant d’être inquiet sur mon compte, vous offrirez une bouteille d’arack au gredin pour qu’il aille chercher après moi… alors moi… dame ? ça se devine, je lui brûlerai la cervelle…

— Votre malice, François, me semble plus énergique qu’ingénieuse… Et notre suite ?

— Notre suite, lieutenant ? Nous taperons aussi dessus…

— Et nous tuerons les dix hommes dont elle se compose.

— Dame, nous en escofierons au moins quelques-uns… Les autres prendront la fuite.

— Et ils iront répandre l’alarme dans les villages voisins

– C’est juste… Eh bien ! au fait, tant pis ! nous taperons également sur les villages.

— C’est-à-dire qu’à nous trois, nous détruirons le royaume de Bombetoc ?

— J’avoue, lieutenant, que cette tâche-là ne laisserait pas que d’être un peu fatigante et tant soit peu difficile… mais que faire ? Nous sommes trahis et l’on nous tend un piège, c’est sûr, cela ? Faut-il donc nous laisser assommer comme des fainéants ?… Faut-il… motus, silence… Voici le moricaud…

En effet, le Portugais s’avançait à grands pas vers nous.

— Seigneuries, nous dit-il en s’inclinant profondément devant nous, j’ai de mauvaises nouvelles à vous apprendre… Deux des hommes de votre suite viennent d’être piqués par des serpents, et ne sont plus à même de pouvoir nous suivre… Comme nous ne pouvons abandonner ainsi ces