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que si elle persistait dans sa résolution, il était probable que le roi mon maître, cédant aux sollicitations de plusieurs souverains de l’est de Madagascar qui recherchaient son alliance, allait s’entendre avec eux, et que dans ce cas la puissance de Bombetoc pourrait bien avoir à souffrir de violentes atteintes.

Cette considération causa sur le moment une telle émotion à la reine, qu’elle oublia de rallumer sa pipe éteinte ; le conseil se rassembla de nouveau et rentra en séance.

Hélas ! le résultat de cette seconde délibération ne me fut pas plus favorable que ne l’avait été celui de la première : on me signifia un nouveau refus.

La reine, se levant alors, se retira sans m’adresser une seule parole d’adieu et sans daigner faire semblant de s’apercevoir des profonds saluts que je lui adressais.

Une fois la reine partie, j’étais assez embarrassé de ma contenance, lorsqu’un dignitaire de la couronne s’avançant vers moi, un paquet à la main, me fit demander par Carvalho si nous ne possédions pas à bord du Mathurin des pièces de soieries semblables à celles qu’il allait me montrer. J’examinai alors les étoffes qu’il me présenta, et qui étaient fort communes, avec beaucoup d’attention ; je feignis de prendre des notes sur mon carnet ; j’y traçai même quelques dessins, puis je répondis à l’ambassadeur que s’il voulait m’accorder cinq jours, je me faisais fort de lui rapporter, en double quantité de celles qu’il désirait, et d’une qualité de beaucoup supérieure, un assortiment de soieries que nous possédions à bord du Mathurin. Mon intention, en agissant ainsi, était, on le devine sans doute, d’abord d’écarter de notre route les dangers de notre retour à Mazangaïe, puis, ensuite, de sauver le présent que le capitaine Cousinerie m’avait remis pour