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que renfermait la salle de réception. Quant aux courtisans, scrupuleux observateurs de l’étiquette malgache, ils se tenaient accroupis sur le sol, leurs pieds rentrés en dedans.

Dès mon introduction dans la salle du trône, le grand maréchal me présenta à sa vénérée souveraine. La puissante reine du royaume de Bombetoc était assise par terre, sur une natte grossière : le dos appuyé contre les claies de rabinesara qui servaient de parois à son habitation, elle avait les jambes allongées contre un foyer à moitié éteint, et fumait dans une pipe en bois de forte dimension, longue d’environ un pied et demi, un tabac dont l’arôme se rapprochait assez de celui de la Havane.

La taille de la puissante souveraine, autant que j’en pus juger, était au-dessous de la moyenne. Quant à sa physionomie commune, insoucieuse, apathique, la seule marque d’intelligence qu’elle reflétât était la cupidité et la défiance ; je dois avouer, malgré ce portrait aussi exact que peu gracieux, que la ressemblance la plus parfaite que j’aie jamais retrouvée depuis lors avec la reine de Bombetoc m’a été fournie par la tête du docteur Gall.

La toilette de la puissante souveraine consistait en un ample pagne d’étoffe commune qui lui entourait les reins, et en un court canezou de cotonnade bleue, carré de forme, assez décolleté, ayant des manches très justes, orné au bas, à la poitrine et au poignet, de broderies de différentes couleurs : ce canezou lui serrait étroitement la gorge, de manière à la dissimuler sous une égale platitude. Ce genre de beauté négative est fort à la mode à Madagascar. Au reste, la nature ne proteste nulle part ailleurs avec plus d’énergie que dans cette île contre cette atteinte à ses droits. Les cheveux crépus de la reine, conformément