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VI

Je rentrai, suivi de mes deux matelots, dans le même jardin où nous avions fait la veille une si longue et si ennuyeuse station   ; mais cette fois notre attente ne fut pas de longue durée. À peine cinq minutes s’étaient-elles écoulées, que le grand maréchal du palais vint nous annoncer que la reine était prête à recevoir nos hommages.

Nous nous hâtâmes de traverser le jardin, et nous entrâmes aussitôt dans le Louvre. Je dois avouer que ma curiosité était excitée à un tel degré, que mon cœur battait avec violence lorsque je franchis le seuil de la porte du palais.

Ce palais, je l’ai déjà dit, n’était qu’une simple paillote plus grande, il est vrai, mais aussi délabrée que les habitations voisines. Seulement, je m’attendais que le luxe de l’intérieur contrasterait avec le misérable aspect de l’extérieur par sa richesse   ; je rêvais de la soie, de l’or et des pierreries fines sur tous les lambris. Que l’on juge de mon désappointement et de ma désillusion, lorsque, une fois entré, je n’aperçus pour tout ornement que de vieux pagnes de femmes accrochés, pour sécher, à des chevilles fixées dans les montants en bois qui soutenaient le comble de la paillote royale   ; puis enfin, tout autour de la pièce, quelques bancs en jonc de la forme d’un dé à jouer, qui servaient de tabourets   ; à côté de ces sièges, des vertèbres de baleine, avec leurs bras de squelette, représentaient des fauteuils. C’était là tout le luxe, tout l’ameublement