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époque ; ils ont dû, je le pense, l’abandonner complètement depuis lors.

Les habitants de Madagascar possèdent en outre deux espèces de trompettes, dont l’une est faite de bambou et l’autre de corne ; la première se nomme anctiva-voulou et l’autre faraza-hozou.

Ils se servent également de deux coquilles, l’une, sorte de buccin, l’anctiva, dans laquelle ils soufflent par un trou pratiqué vers le sommet ; l’autre, espèce de grand casque nommé bacora, dont ils tirent, de même que de l’anctiva, des sons retentissants et sauvages.

Quant à leur musique militaire, elle se compose seulement de deux espèces de tambours, l’azou-lahé et le bingui.

À peine nos musiciens eurent-ils préludé par quelques notes d’accord à leur concert, que nos jeunes convives se levèrent avec un empressement de bon augure pour nos plaisirs.

Quant à moi, j’allumai un cigare, et me couchant à moitié par terre, le dos appuyé contre la palissade de la paillote, je me disposai à jouir tout à mon aise du curieux spectacle que la reine de Bombetoc offrait, dans ma personne, au grand chef de la France.

Je songeais avec bonheur à toutes les péripéties et à toutes les aventures qu’offre au marin son existence si accidentée et si vagabonde, et je pensais avec pitié, quoique je n’eusse pour tout abri que le toit délabré d’une misérable cahute, et que bien des dangers me restassent encore à courir, non pas seulement pour pouvoir regagner ma patrie, mais même le Mathurin, mouillé à Mazangaïe, c’est-à-dire à près de cinq mille lieues de France, je pensais, dis-je, avec pitié, à la vie triste, monotone et décolorée que mènent les riches habitants des villes. La vue de nos jeunes Malgaches, qui