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— Seigneuries, nous dit notre interprète Carvalho après avoir causé un moment à voix basse avec le grand maréchal, l’on viendra vous chercher demain pour vous présenter à notre glorieuse souveraine. Usez, en attendant, de sa généreuse hospitalité ; voici des danseuses, on va vous envoyer des musiciens que vous renverrez quand vous voudrez vous reposer.

Le Portugais s’inclina alors devant nous, jeta un regard de convoitise et de regret sur notre souper dressé par terre, et s’éloigna, en soupirant, d’un pas majestueux.

Une fois que nous nous trouvâmes seuls avec les trois jeunes filles malgaches, nous nous regardâmes, mes deux matelots et moi, avec un étonnement si grotesque, si profond, que nous éclatâmes bientôt de rire.

— Lieutenant, me dit Bernard, je commence à croire que vous aviez raison en comptant sur la générosité de madame Bombetoc. En v’là un procédé qui est tout de même gentil ! Faut avouer que ces Malgaches ont du bon dans leurs mœurs !…

— Allons, mes amis, soupons, leur dis-je…

— Et pendant ce temps-là, ces jeunes bayadères vont pincer leurs rigodons, ça sera comme il faut au dernier point, ajouta François.

François se trompait, car les Malgaches, au lieu de commencer leurs danses, vinrent s’asseoir par terre à nos côtés.

J’ai déjà dit que le repas étendu devant nous était somptueux ; je dois à présent, dans l’intérêt de ce récit, et pour faire connaître la nourriture des habitants de Madagascar, une des parties du globe la plus peuplée et la moins connue, entrer à ce sujet dans quelques détails.

Notre souper, digne d’un Gargantua, se composait de