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c’était le palais de la reine de Bombetoc, le Louvre dont mon interprète portugais m’avait fait une si pompeuse description. Nous pénétrâmes, François Poiré, Bernard et moi, sans plus de cérémonie, dans un misérable jardin attenant au palais et qui servait à la fois de cour d’entrée, de cour d’honneur et de parc royal ; seulement nous eûmes toutes les peines du monde à déterminer le seigneur Carvalho à nous suivre.

Nous avions à peine fait quelques pas, lorsque plusieurs Malgaches, messagers et dignitaires de la couronne, s’avancèrent à notre rencontre. Ces courtisans étaient revêtus d’une simple pagne. Ils apostrophèrent avec assez de vivacité mon interprète ému et tremblant, qui me parut, au ton humble et soumis de sa réponse, ne défendre que très mollement mes intérêts. Ce dialogue échangé, les dignitaires rentrèrent dans le Louvre, et le Portugais nous apprit qu’ils allaient chercher les ordres de leur gracieuse reine à notre sujet.

Enfin, après une heure d’attente, rendue plus longue encore pour nous par suite de nos fatigues de la journée, nous vîmes revenir les messagers du palais. Ils annoncèrent au Portugais que, vu l’heure avancée, la reine avait remis au lendemain notre réception ; qu’au reste, jusqu’à ce que nous eussions l’honneur d’être admis en sa présence, la généreuse souveraine pourvoirait à tous nos besoins.

Aussitôt un Malgache, âgé d’environ quarante ans, aussi mal vêtu que ses compagnons, mais dont l’air d’autorité me donna, avec raison, à supposer qu’il occupait un grade élevé à la cour, se détacha du groupe des courtisans, et nous invita, par l’organe de notre interprète qui s’inclina profondément devant lui, à le suivre au logement qu’il nous avait fait préparer.