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introduisit, consistait en deux grandes planches orientées, pour se mouvoir ensemble, au moyen de deux liens de cuir passant sur la jonction de deux énormes pieux plantés au bord d’une espèce de boulevard : ces deux planches, grossier pont-levis, appuyaient leurs deux extrémités sur les côtés opposés d’un fossé profond, large d’environ quinze pieds.

Après avoir franchi ce pont-levis, nous entrâmes dans un chemin creux, assez étroit, bordé de palissades fort épaisses et très serrées, qui s’élevaient à environ cinq pieds de hauteur du sol, et soutenaient un épaulement en terre. Ces ouvrages me semblaient habilement construits, mais ils me parurent assez mal entretenus. Après cinq minutes de marche dans les fortifications nous nous trouvâmes enfin en ville.

Non seulement les rues de Bombetoc ne sont pas pavées, mais elles sont recouvertes d’une épaisse couche de sable dans lequel on n’avance qu’avec fatigue et peine. Nous en traversâmes quelques-unes, et Dieu sait comme elles étaient mal alignées, qui nous conduisirent dans une grande place que l’interprète Carvalho m’apprit être la place des Cabars ou des Procès. Un grand édifice en forme de parallélogramme, tout à jour depuis le sol jusqu’aux combles, construit avec de grosses piles de bois, recouvert par un toit en feuilles de palmiers, et tout à fait dénué à l’intérieur de meubles et d’ornements, était l’endroit redoutable et redouté où se jugeaient les procès ; je remarquai que tous les gens de notre cortège le regardaient, en passant, avec effroi.

À partir de cette place, qui ne manquait pas d’un certain air de grandeur sauvage, nous rentrâmes dans un dédale de cahutes ou paillotes, jusqu’à ce qu’enfin le cortège s’arrêtât devant une grande cabane grossièrement bâtie :