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ou le hurlement spontané qu’elle pou sa en voyant s’éteindre la lumière posée sur la tête du condamné : on eût dit le cri d’un troupeau de tigres réglé en orchestre par un génie infernal !

— Est-ce que des exécutions semblables à celle-ci sont fréquentes à Bombetoc ? demandai-je à l’interprète portugais une fois que je fus un peu remis de l’émotion que m’avait causée l’épouvantable et lugubre scène dont je venais d’être le témoin.


— Elles sont au contraire très rares !… Depuis que les rois malgaches de la côte de Mozambique trouvent à vendre leurs esclaves aux blancs, ils respectent tous les gens condamnés à mort… Car, enfin, de la poudre, des fusils et de l’arack ne sont pas des choses à dédaigner, et que l’on puisse sacrifier au plaisir de nourrir les caïmans avec quelques coupables. L’épreuve du tanguin, si commune jadis, devient ainsi de jour en jour plus rare… Elle a été remplacée par l’épreuve du sang et celle du feu !

— Qu’est-ce que l’épreuve du sang ?

— Oh ! ce n’est pas grand-chose. Elle consiste à enfoncer dans le bras de l’accusé des épines de raquette. Si le sang coule, on reconnaît son innocence !… Si les bords de la piqûre restent secs, on le condamne à être vendu comme esclave…

— Cette épreuve est, en effet, préférable à celle du tanguin ; en outre, elle doit donner à la justice peu de coupables…

— Mais, au contraire, seigneurie, il est rare que celui qui la subit échappe à l’esclavage.

— Il me semble cependant difficile que l’introduction