— Singulière façon de plaider ! Ensuite ?
— Ensuite, seigneurie, comme l’effet de ce poison est aussi prompt que terrible, le coupable meurt bientôt, tandis que celui qui avait raison se contente de vomir.
— Ainsi, c’est seulement celui qui avait tort qui succombe ? Êtes-vous bien sûr de cela ?
— Oh ! seigneurie ! pourriez-vous mettre une telle chose en doute ? Elle est dans la loi.
— Moi ! j’y crois ! Mais dites-moi, est-ce qu’il n’arrive jamais aux deux plaideurs de mourir ?
— Oh ! cela se voit chaque jour, seigneurie.
— Eh bien ! alors, quel est celui que l’on considère comme coupable ?
Cette question sembla embarrasser assez sérieusement le Portugais Carvalho. Cependant, après un moment de réflexion, il prit bravement son parti et me répondit d’un air plein de conviction :
— Alors, seigneurie, c’est qu’ils avaient tort tous les deux !
J’allais continuer cette conversation qui m’intéressait, lorsque je m’arrêtai court à la vue d’un monstrueux caïman dont la tête sortait à fleur d’eau du milieu de la lagune et sur lequel notre pirogue se dirigeait en plein.
IV
Le requin et le caïman ont toujours eu la propriété de