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présents que je devais offrir à la souveraine de Bombetoc. Son mari me remercia avec effusion de ma générosité, et me fit promettre de ne pas oublier de venir le voir à mon retour.

En quittant ce village, nous eûmes à traverser dans sa longueur une lagune admirable et dont aucune description ne saurait donner une idée.

Encaissée entre de hautes montagnes, cette nappe d’eau, fort large en certains endroits, était parsemée de petites îles boisées, disposées de la façon la plus pittoresque. On eût dit de loin, grâce aux reflets des rayons du soleil qui allaient se perdre dans ces bouquets de verdure, de colossales émeraudes. Les rives de la lagune étaient garnies d’arbres gigantesques, aux formes bizarres et imprévues ; puis, au milieu des branches touffues de ces géants de la nature végétale, une innombrable quantité de singes de toutes les formes, grandeurs et couleurs, se poursuivaient en jouant avec des élans prodigieux.

— Expliquez-moi donc, seigneur Carvalho, dis-je à mon interprète assis à mes côtés, comment il se fait que le sous-roi que nous venons de quitter m’ait demandé en m’abordant, et avant toute autre chose, où j’en étais de mes procès ?

— Parce que les procès sont pour les Malgaches les plus terribles événements qui puissent leur arriver !

— Ah bah ! est-ce qu’il y aurait dans le royaume de Bombetoc des huissiers voleurs et des avocats bavards comme en France ?

— Je ne connais pas, seigneurie, ce que c’est que des huissiers, mais je puis vous assurer que quelque dangereuse que soit cette chose, elle présente